Lecture d’un ECG (1)

Comment lire un ECG

L’interprétation se fera toujours en tenant compte du contexte:

– format du chien (bréviligne, longiligne): tonus neurovégétatif différent.

– race : – sharpeï (diminution d’amplitude des signaux liée aux plis de peau)

– chihuahua: onde T positive en V10.

– boxer, doberman, berger allemand, schnauzer nain, labrador, golden retriever

– lévriers: augmentation d’amplitude des signaux (morphologie de la cage thoracique).

– brachycéphales: majoration de l’arythmie respiratoire, Möbitz 2, liés au tonus vagal.

– niveau de stress, de douleur, état neurologique.

– statut pondéral (maigreur, obésité): modifie l’amplitude des signaux.

– thérapeutique en cours, même non cardiaque: neuroleptiques, antidépresseurs, digoxine, anti-arytmiques, bêtabloquants. Ces molécules engendrent des modifications diverses de l’ECG:  accélération ou décélération de la FC, augmentation de la durée de QRS, troubles de la conduction: BAV, dysrythmie.

– état clinique (fièvre, dysthyroïdies, anémie, dyspnée, polypnée, choc)

– et surtout taille et poids de l’animal: estimation de la FC et de la durée de QRS attendues.

 Sur des chiens indemnes de cardiopathie, la durée, et l’amplitude des QRS ainsi que la fréquence cardiaque seront très différentes selon que l’on examine un chihuahua de 1,5 kg ou un saint bernard de 85 kg.

Reconnaissance des différentes déflexions:

systole auriculaire (P), systole ventriculaire (QRS) et repolarisation (T)
un cycle cardiaque complet

Une déflexion est une onde positive ou négative qui est l’expression d’un vecteur électrique de dépolarisation ou de repolarisation.

La dépolarisation d’un myocyte correspond à l’ouverture des canaux calciques .
Le potentiel membranaire passe alors de -40 mV à 0 mV.
La repolarisation correspond à la fermeture des canaux Ca++ et à l’ouverture des canaux K+  jusqu’à ce que le potentiel atteigne -60 mV.
A ce moment les canaux Na+ (lents) s’ouvrent jusqu’au seuil d’excitation de -40 mV. Un nouveau cycle recommence.

onde P: déflexion (positive en D1 et D2) qui précède le complexe QRS en rythme sinusal.
onde Q: première déflexion négative du complexe QRS, elle peut être absente mais doit toujours être fine et peu ample.
onde R: première déflexion positive du complexe QRS, sa plus forte amplitude doit être comprise entre 2 et 3,5 mV selon la taille de l’animal.
onde S: déflexion négative qui suit l’onde R. Elle est souvent absente ou de très faible amplitude en D1 et D2.
onde T: déflexion qui peut être positive ou négative mais asymétrique et d’amplitude inférieure au quart de l’onde R.
onde U: sa présence est rare et généralement physiologique tant que son amplitude est faible et inférieure à celle de l’onde T. Sa signification n’est pas bien connue. Une amplitude supérieure à celle de l’onde T peut être le reflet d’une hypokaliémie.

Schématiquement on peut dire que l’onde P correspond à la systole auriculaire, le QRS à la systole ventriculaire et l’onde T à la repolarisation des ventricules.

Par convention une déflexion d’amplitude inférieure à 0,5 mV s’écrit avec une minuscule, au delà de 0,5 mV on l’écrit avec une majuscule.

lettre minuscule pour les déflexions <= 5 mm (à 10 mm/mV)
Les différents aspects morphologiques de QRS

La notion de rythme cardiaque

C’est une notion complexe qui inclut:
– la régularité de la fréquence cardiaque.
– la régularité de la succession des déflexions P-QRS-T.
– le rapport chronologique entre la contraction atriale et la contraction ventriculaire.
– la synchronisation de ces contractions.

Le rythme cardiaque physiologique (rythme sinusal) est celui qui permet d’obtenir une éjection optimale de la masse sanguine.

 

L’ECG  normal

Première étape:  le tracé est-il sinusal?

caractéristiques d'un cycle cardiaque chez le chien
valeurs usuelles chez le chien et le chat

Définition du rythme sinusal:

1) Un rythme sinusal est composé exclusivement d’une succession de séquences P-QRS-T  à intervalles réguliers.

2) Pour être sinusal, le complexe P-QRS-T  qui prend naissance dans le nœud sinusal doit emprunter les voies de conduction dédiées:

    • nœud sinusal
    • nœud atrioventriculaire
    • tronc du faisceau de His
    • les 2 branches du faisceau de His
    • le réseau de Purkinje

3) Par ailleurs, la propagation de cet influx doit se faire sans ralentissement ni accélération  (hormis l’influence de la respiration) sur son trajet (bloc, faisceau accessoire) afin de maintenir une parfaite synchronisation des évènements.

La polarité de l’onde P doit être positive dans les dérivations D1, D2, D3, AVF et négative en AVR. Une polarité négative en D2 doit faire suspecter un rythme atrial et une polarité négative de P en D1 évoque une inversion d’électrodes.

Les durées de l’ intervalle PQ (ou PR lorsque l’onde Q est absente) et de QRS doivent être comprises dans certaines limites de temps, en fonction de la fréquence cardiaque et du format de l’animal.

La durée de l’intervalle PQ  varie en fonction inverse de la fréquence cardiaque et la durée de QRS dépend de la taille de l’animal.