Rythmes supraventriculaire / ventriculaire
La mesure de la durée de QRS est particulièrement importante car elle permet de distinguer un rythme supra-ventriculaire (QRS fins), d’un rythme ventriculaire (QRS larges) ou d’un bloc de branche. Elle est délicate quand il s’agit d’évaluer une cardiomégalie.
– rythme supra-ventriculaire: Les QRS prennent naissance au dessus du nœud-auriculo-ventriculaire. Les rythmes supra-ventriculaires comprennent:
– les rythmes sinusaux qui naissent dans le nœud sinusal dans la paroi postérieure de l’oreillette droite.
– les rythmes du sinus coronaire qui naissent d’un ensemble de cellules regroupées près de la veine cave inférieure sous le nom de nœud du sinus coronaire.
– les rythmes jonctionnels qui naissent entre le début du nœud AV et la fin du tronc du faisceau de His.
Selon la taille du chien, la durée des QRS n’excède pas 50 à 60 ms, voire 65 ms dans une race géante.
– rythme ventriculaire: Les QRS prennent naissance en dessous du nœud-auriculo-ventriculaire. Ils sont larges, d’une durée supérieure à 70 ms.
En rythme sinusal, l’augmentation de la durée de QRS est un des critères qui permet de suspecter une cardiomégalie.
La régularité des cycles P-QRS-T pourra subir quelques variations en fonction de la respiration. C’est l’arythmie sinusale respiratoire (ASR): accélération de la fréquence cardiaque (FC) à l’inspiration) et du tonus vagal de l’animal (ralentissement, accentué chez les chiens brachycéphales).
Cette ASR s’amenuise à mesure que la FC augmente. Le rythme sinusal régulier (rythme théorique normal) est très rarement rencontré en pratique car l’influence neuro-végétative est toujours mise en jeu chez les chiens et les chats.
Une variante physiologique du rythme sinusal est le wandering pacemaker. Fréquent chez le chien, il est caractérisé par une morphologie variable de l’onde P ainsi qu’un intervalle PR variable (mais toujours inférieur à 130 ms), en fonction de l’origine de la dépolarisation issue du nœud sinusal, celui-ci occupant une surface assez large dans l’oreillette droite.
Le rythme du sinus coronaire, caractérisé par une onde P négative en D2, D3 et AVF est un rythme supra-ventriculaire mais non sinusal. Ce sont les cellules du sinus coronaire (proches de la veine cave inférieure) qui ont pris les commandes de l’activation électrique du coeur à la place du nœud sinusal et se comportent comme un pacemaker physiologique. Ce pacemaker peut être cadencé à une fréquence proche de la normale ou accélérée, réalisant alors une véritable tachycardie atriale.
Dans tous les cas, lors de rythme sinusal, l’onde P précède à distance constante, le QRS et est positive en D1, D2, D3 et AVF.
Les limites usuelles de la fréquence cardiaque sont variables:
La limite est donc souvent floue entre rythme sinusal régulier et tachycardie sinusale car la fréquence de base dépend de la taille du chien et accessoirement, de son âge (chiot). Une tachycardie sinusale est normale pendant l’effort mais devient pathologique au repos si celle-ci ne peut pas être rapportée à un stress , une douleur ou une anémie.
Un rythme sinusal ne signifie pas nécessairement ECG normal.
Pour conclure à la normalité d’un tracé, il faut encore que:
– Le segment ST soit iso-électrique (donc au niveau de la ligne de base).
– chaque dépolarisation prenne naissance dans le noeud sinusal, active les ventricules (QRS) et que chaque QRS résulte d’une onde P unique.
– L’ amplitude et la durée des différentes déflexions (P, Q, R, S et T) s’inscrivent dans certaines limites.
– L’axe de QRS (noté ÂQRS) ne soit dévié, ni vers la droite, ni vers la gauche.
Anomalies morphologiques de la séquence P-QRS-T, compatibles avec un rythme sinusal.
- Ondes P bifides. Les ondes P bifides correspondent le plus souvent à une dilatation de l’oreillette gauche mais parfois à un bloc inter-atrial. Seule, l’échocardiographie peut trancher.
- Obliquité du segment PQ (ou PR).
- Onde R émoussée ou sommet de l’onde R en plateau.
- Les QRS ne doivent pas présenter 2 ondes R (aspect RR’) et les branches ascendantes et descendantes de l’onde R doivent être rectilignes (sans crochetage).
- L’amplitude de l’onde R peut légèrement varier en fonction du cycle respiratoire mais pas d’une systole à l’autre.
- Ondes Q larges et/ou d’amplitudes > 0,5 mV.
- Ondes S en D1 > 0,35 mV et/ou à 0,5 mV en D2.
- Ondes T d’allure symétrique au lieu de présenter physiologiquement une pente initiale plus lente que la pente terminale.
- Amplitude de l’onde T supérieure au quart de l’amplitude de l’onde R.
- Décalage du segment ST au delà des limites: +0,15 mV ou -0,2 mV par rapport à la ligne de base, pour une amplitude habituelle de l’onde R.